5G et protections anti-ondes
La 5G se répand en Suisse. Faut-il mettre à jour les dispositifs de protection anti-ondes?
© Pierre Dubochet, ing. radio
toxicologie des RNI
conflit d'intérêts : aucun avec cet article
11 juillet 2018
mis à jour le 15 juin 2020
Différents commerçants de produits prétendus «anti-ondes» sauraient «neutraliser» la 5G
Lecture : 3 min | 970 mots
Les opérateurs de téléphonie mobile suisses installent progressivement la technologie 5G, la cinquième génération d'équipements qui devait être généralisée en 2021, mais qui prend du retard.
Certains fabricants de produits prétendus «anti-ondes» sautent sur l'occasion pour alerter le public sur des récits de symptômes ou de souffrances de personnes exposées à la 5G progressivement mise en service. Et pour annoncer que leurs produits présumés «anti-ondes» sont disponibles.
Un argument des vendeurs de produits prétendus «anti-ondes» est que la 5G serait beaucoup plus nocive que les générations de téléphonie mobile précédentes puisque le nouveau réseau utiliserait des fréquences considérablement plus élevées.
À les croire, différents bureaux d'études de vendeurs de produits prétendus «anti-ondes» auraient étudié la nocivité de l'électrosmog de la 5G et commercialisent des produits mis à jour pour contrer ces rayonnements.
En tant qu'ingénieur radio expert en pollution électromagnétique sans conflit d'intérêts, je formule une mise en garde fondée sur les éléments suivants :
- Je suis en connexion avec plusieurs experts indépendants en Suisse et un certain nombre des plus éminents connaisseurs de la pollution due au rayonnement non ionisant dans le monde. À ce jour, je n'ai connaissance d'aucune étude sur une réaction biologique/pathologique avec la 5G en Suisse.
- Les risques de l'exposition à la 5G en Suisse n'ont pas été évalués et ne peuvent pas encore être connus.
- Si vous disposez actuellement d'une protection contre les ondes garantie par une peinture conductrice au graphite ou par des tissus ou tapis de blindage à fils métalliques (argent, cuivre, etc.), vous êtes déjà protégé contre le rayonnement de la future 5G en Suisse.
- Si un vendeur déclare que le système prétendu «anti-ondes» qu'il vous a vendu il y a quelque temps est devenu obsolète à cause de la 5G, cela signifie que ce qu'il vous a vendu ne fonctionne pas, puisque les ondes de la 5G seront dans la même gamme de rayonnement que la 3G et la 4G actuellement en service en Suisse.
- Un produit qui protège réellement du rayonnement non ionisant de la téléphonie mobile ne protège pas d'une fréquence en particulier, mais d'un spectre suffisamment large pour couvrir toutes les blocs de fréquences de la 2G, 3G, 4G, 5G, du DECT, du Wi-Fi, Wi-Max, etc.
La clé USB 5GBioShield : «une escroquerie» selon des experts en cybersécurité à Londres
Depuis le mois de juillet 2019, un site internet propose une clé USB contre l'électrosmog 5G BioShield qui «protège votre maison et votre famille, grâce au catalyseur nanocouche holographique portable, qui peut être porté ou placé à proximité d'un smartphone ou de tout autre appareil émettant des ondes électriques», selon le site des commerçants.
On y lit de nombreux termes pseudo-scientifiques aberrants tels que «rétablir la cohérence des atomes», ou «émission de fréquences de force de vie» et «processus d'oscillation quantique [qui] équilibre et réharmonise les fréquences dérangeantes résultant du brouillard électrique» ou encore «la technologie de blindage à nanocouche quantique à spectre complet la plus avancée».
Le 5G BioShield a été recommandé par un membre du comité consultatif 5G du conseil municipal de Glastonbury, ce qui a déclenché une enquête.
Pen Test Partners est spécialisée dans le démontage de produits électroniques grand public pour repérer les failles de sécurité. S'ils n'ont pas d'experts en 5G, les clés USB entrent dans leurs compétences. Ils ont ainsi commandé trois exemplaires de 5G BioShield.
M. Munro et Phil Eveleigh ont analysé puis démonté une clé USB. Ils n'ont pas trouvé d’éléments électroniques qui la rendraient inhabituelle. Elle a probablement été fabriquée par Shenzhen Tushi Technology Co. Ltd en Chine.
Le 5GBioShield d’une valeur de £339 et £958,80 par 3 pièces (env. 405.- CHF et 1'145.- CHF), ne semble être qu’une simple clé USB avec 128 Mo de stockage. Une si petite taille de stockage ne se trouve plus dans les commerces.
Les informations données par le dispositif révèlent que toutes les valeurs sont restées sur le paramètre par défaut, ce qui signale généralement un produit sans marque à faible coût.
L'examen des propriétés de la clé n’a rien révélé de plus que ce que l’on attend d’une clé USB ordinaire.
La question que l'on se pose : quelles sont les différences entre cette clé vendue quatre cents francs et une clé USB «cristal» à six francs presque identique en Chine? Apparemment, rien d'autre qu'un autocollant circulaire, de ceux que l'on peut acheter en feuilles dans les commerces spécialisés pour environ un centime l'unité. Les experts de Pen Test Partners sont convaincus que le public en sait assez pour se faire sa propre opinion.
Conclusion: «À notre avis, le Bioshield 5G n’est rien d’autre qu’une clé USB de £5 avec un autocollant dessus. Quant à savoir si l’autocollant fournit ou non une technologie de catalyseur holographique quantique d’une valeur de 300 livres sterling, nous vous laissons décider.»
«Nous considérons qu’il s’agit d’une escroquerie», a déclaré le 28 mai à la BBC Stephen Knight, directeur des opérations de London Trading Standards.
Les agents de la régulation commerciale anglaise connaissent bien le commerce de shungite, un carbone désespérément banal dont il se dit qu'il protègerait des rayonnements. C'est la première fois que ces agents sont face à une clé USB qui «protègerait des ondes»!
La brigade de répression des fraudes de la police de la ville de Londres est désormais occupée à obtenir une ordonnance de la cour pour faire bloquer le site web des commerçants.
La boutique en ligne, tenue par «l'inventeur» —si on peut parler d'invention— le Dr Ilija Lakicevic et Jacques Bauer de Colombier/NE coordinateur des essais, est actuellement tournée en dérision sur le web et les réseaux sociaux.
Dans un communiqué du 13 juin, le Dr Ilija Lakicevic et Jacques Bauer s'estiment «grossièrement diffamés», demandent à la BBC de se rétracter et se déclarent prêts à saisir la justice.
Une recherche sur l'Institut Max Planck pour la physique des plasmas, où Ilija Lakicevic prétend avoir effectué des travaux, n'a pas confirmé l'existence d'une relation.
J'ai trouvé cette clé sur ce site. Le lot de 100 avec une capacité non pas de 128 Mo mais de 4'000 Mo vaut US$ 180 hors gravure d'image.
Le Suisse Jacques Bauer n'en est pas à son coup d'essai. Le 16 janvier 2016, il a obtenu le niveau «Executive», soit le plus haut niveau commercial atteignable auprès de la société i-like Metaphysik GmbH, qui vend l'E-Chip, un produit prétendument anti-ondes qui ne semble être qu'un objet en plastique. J'avais noté négativement ce produit.
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