des cliniques spécialisées pour le personnel exposé aux ondes - Pierre Dubochet

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Années 1950 : ouvertures de cliniques spécialisées pour les irradiés aux microondes

Les pays de l’Est, parmi les précurseurs à employer des RNI similaires à ceux de nos équipements high-tech, ont dû ouvrir des cliniques spécialisées pour traiter le personnel qui fabriquait, utilisait ou réparait des équipements qui émettaient dans la gamme des microondes pour des compagnies de téléphone, de radio, de télévision, de radars, etc.

© Pierre Dubochet, ing. radio
toxicologie des RNI
14 mai 2020
Années '70 : 15% des employés du secteur des microondes en «symptomatique radio»
Lecture : 4 min | 1190 mots
Les effets des rayonnements non ionisants (RNI) faibles sont connus depuis plus de 70 ans. Les RNI faibles sont ceux qui n’élèvent pas dangereusement la température de l’organisme.
Dans les années 1950, les pays de l’Est, parmi les précurseurs à employer des RNI similaires à ceux de nos équipements high-tech, ont dû ouvrir des cliniques spécialisées pour traiter le personnel qui fabriquait, utilisait ou réparait des équipements qui émettaient dans la gamme des microondes pour des compagnies de téléphone, de radio, de télévision, de radars, etc. Ils n’étaient exposés que sur leur lieu professionnel.
La gamme des microondes est utilisée par nos appareils sans fil actuels.
Ce personnel souffrait de maux de tête, de fatigue, de faiblesse, de troubles du sommeil, de troubles de la mémoire, de douleurs lancinantes dans la région du cœur et d’autres symptômes encore. Nombre d’entre eux étaient émotionnellement instables. Les cliniciens ont indiqué que 15% des employés du secteur des microondes présentaient une «symptomatique radio», 2% ont dû cesser définitivement toute activité professionnelle (Sadčikova 1960, Klimková-Deutschová 1973).
La partie nerveuse de notre système auditif peut reproduire des signaux microondes en tant qu’impression sonore (Frey 1961).
Le rayonnement faible modifie les réflexes conditionnés, l’électroencéphalogramme, l’électrocardiogramme, la pression sanguine, etc., et aussi des données biochimiques, morphologiques et biophysiques (Gordon 1970; Presman 1968).
«Il a été établi que les effets faibles stimulent le système nerveux central, tandis que les effets forts le dépriment, des stades nocifs pouvant être observés dans ce dernier cas» (Bychkov 1967).
Les effets faibles ou forts sont à comprendre selon leur influence physiologique, et non rapportés à l'intensité du rayonnement.
L’état de santé du personnel se détériore proportionnellement à la longueur de la durée du travail sous l’effet d’un champ de microondes (Ginzburg et Sadčikova 1964; Drogichina et coll. 1962).
Pour les signaux pulsés, la durée de l’impulsion et le temps de pause doivent également être pris en compte, car pour une puissance d’impulsion suffisamment élevée, les changements irréversibles dans les tissus peuvent survenir pendant un temps très court (Troyanskiy et Sebrant 1969).
              Port de lunettes de sécurité obligatoire
              L’adjoint de l’inspecteur sanitaire principal de l’URSS a validé une norme le 30 mars 1970. Elle spécifie que la population et les professionnels ne doivent pas être exposés à plus de 1,9 V/m.
              Rapportés à nos appareils actuels, cela signifie une distance minimale à l’appareil de :
              200 cm pour un téléphone GSM;
              150 cm pour un téléphone DECT;
              100 cm pour un smartphone;
              90 cm pour le Wi-Fi;
              90 cm pour le Bluetooth de classe 1.
              Cette norme de 1970 spécifie que les personnes qui exploitent des émetteurs de microondes et qui sont soumises à des champs de plus de 19 V/m doivent limiter l’exposition à une durée de 15-20 minutes par journée de travail; le port de lunettes de sécurité est obligatoire.
              Rapporté à nos appareils actuels, toute personne qui approche à moins de 10 cm de la tête un smartphone, un téléphone GSM ou un équipement émetteur de Wi-Fi (p. ex. tablette, appareil photographique) devrait porter des lunettes de sécurité.
              Mais : cette norme de 1970 ne tenait pas compte du risque augmenté de l'exposition par la pulsation des signaux à haute fréquence, comme le font nos appareils actuels. Bien que le risque augmenté des signaux pulsés était discuté à l'époque, les experts manquaient de recul pour définir une norme avec les signaux pulsés. Sans l'ombre d'un doute, ces informations auraient réduit les valeurs d'exposition pour les signaux pulsés. Considérez que les distances ci-dessus auraient été plus grandes, entre la tête et les appareils.
              Écrans et fausses couches
              L’arrivée des ordinateurs personnels à la fin des années 1970 faisait croître le nombre de personnes touchées par le RNI. Cataractes, problèmes visuels, maux de tête et fausses couches étaient si souvent cités que le représentant Al Gore a présidé la première d’une série d’auditions du Congrès sur les effets des terminaux à écran vidéo sur la santé en 1981.
              Quelques années plus tard, le neuroscientifique suédois Olle Johansson découvre que les écrans peuvent causer une nouvelle maladie de la peau.
              Dans les années1990, l’industrie des télécommunications ambitionne de nous connecter par téléphone mobile. Bientôt, ce sont les ordinateurs qu’on équipe d’émetteurs, et désormais les objets.
              Le but d’un émetteur radio est de créer un champ qui transforme —perturbe— l’environnement électromagnétique. Une conséquence directe de la multiplication des émetteurs est que la prévalence de personnes se plaignant d’effets des rayonnements a approximativement triplé entre l’an 2000 et 2015 (*). Selon une moyenne de seize études, elle se situe environ à 5,5%; actuellement on peut l’estimer quelques points plus haut.
              Gro Harlem Brundtland, Premier ministre de Norvège et directrice de l’OMS avait des maux de tête lorsqu’on approchait un téléphone allumé, mais non en ligne, à moins de 4 mètres (Dagblad 2002).
              340’000 Suisses souffrent de symptômes dus au RNI
              Interpellé, le personnel de la santé a lancé plus d’une trentaine d’Appels.
              (le lien ouvre un nouvel onglet).
              «Étant donné que nous connaissons l’environnement résidentiel et les habitudes de nos patients, nous apercevons toujours plus souvent —après un interrogatoire à but précis— une relation claire dans le temps et dans l’espace entre l’apparition de ces maladies et le début de l’extension de l’irradiation par des ondes radio» (Appel de Freiburg [D] 2002).
              Environ 5% des Suisses interrogés en 2004 se déclaraient intolérants aux rayonnements (Schreier et coll. 2006).
              Le 40% des sujets d’une étude portant sur la pollution environnementale soupçonnaient le RNI. Une équipe interdisciplinaire l’a examiné d’un point de vue médical, psychologique, psychiatrique et environnemental. Pour 32% des participants, une association entre au moins un symptôme et l’exposition aux rayonnements a été jugée plausible (Prax et coll. 2005).
              Rapporté à la population actuelle, il apparaît comme plausible qu’au moins 340’000 Suisses souffrent de symptômes dus au RNI. Parmi les sujets en déséquilibre physiologique à cause du RNI, je distingue l’intolérance de la sensitivité.
              Les sujets qui ont une sensitivité consciente —souvent appelés électrosensibles ou électrohypersensibles (EHS)— souffrent de troubles neurologiques et d’inflammations systémiques. Si l’environnement n’est pas assaini, il y a risque d’altération organique irréversible.
              Les expériences rapportées sont variables quant à la symptomatologie, à sa durée, au pronostic et aux expositions incriminées.
              Deux facteurs sont à la base de l’intolérance au RNI (IRNI). Le premier relève d’une susceptibilité individuelle génétique (dans le même ordre de pensées –sans lien avec l’IRNI– la peau des uns et des autres ne réagit pas de la même manière à l’exposition au soleil). Le second facteur résulte d’un traumatisme (électrique, chimique, biologique ou physique, parfois combinés) qui a altéré certains fonctionnements biologiques.
              La découverte de sa propre IRNI peut être l’aboutissement d’années d’expériences, d’analyses et de recoupements sur les origines d’une dégradation inexplicable de la qualité de vie, avec ou sans prise en charge médicale.
              Chez d’autres sujets, l’apparition brutale de symptômes à la suite d’une exposition particulière fixe à jamais cause et effet dans la mémoire.
              Symptômes variables selon le type de RNI
              Les sujets intolérants subissent des symptômes variables et plus ou moins invalidants selon le type de RNI. Ces symptômes se déclarent après un temps de latence irrégulier en fonction des capacités de compensation, de réparation et de récupération de l’organisme.
              Si l’environnement n’est pas assaini, les symptômes s’aggravent avec le temps et peuvent initier une sensitivité consciente.
              Les sujets en souffrance sont trop souvent étiquetés d’une manière péjorative en raison de leur discours peu intelligible faute d’être formulé dans des catégories de pensées communes avec celles des scientifiques et des médecins. O combien il est difficile de faire admettre une réalité qui, trop souvent, ne peut qu’être décrite dans le registre de la perception de symptômes!
              L’intolérance aux rayonnements est sociale. Elle est la conséquence de l’ordre social de l’apparence, qui conditionne des responsables à cacher la vérité pour faire briller leur réputation et créer des opportunités d’investissements.
              Sans le moindre doute, les intérêts économiques privés conditionnent la santé publique.
              Ces publications complèteront utilement votre savoir :
              Références
              • Bychkov,  K.  V., in Problemy Neyrokibernetiki  (Problems of Neurocybernetics), Roscov on the Don,  1967, p 17.
              • «Dagblad» Mobile phone radiation gives Gro Harlem Brundtland headaches, “Dagblad” March 9, 2002 by Aud Dalsegg.
              • Drogichina,  E.  A. et coll., GIG Truda (Hygiène Industrielle), 1962, No 1, p 28.
              • Frey 1961.
              • Ginzburg, D.  A. et Sadčikova, M. N., 0 Biologicheskom Deystvii EMP Radiochastot (Biological Effect of Electromagnetic Radio Frequency Fields), Moscow, 1964, p 126.
              • Gordon, GIG Truda (Hygiène Industrielle), 1970, No 4, p 32; Presman, A. S., Elektromagnitnyye Polya i Zhivaya Priroda (Electromagnetic Fields and Animate Nature), Moscow, 1968.
              • Sadčikova 1960, Klimková-Deutschová 1973.
              • Troyanskiy, M. P. et Sebrant, Yu. V., Radiovolny i Zhivoy Organizm (Radio Waves  and  the  Living Organism),  Moscow,  1969.
              *) Autriche 1997 2%, Leitgeb N. et coll. 1998, 2005 ; Suède 1997 1,50% Hillert L. et coll. 2002.
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