protection contre les ondes en clés USB, patch, colliers, pyramides... - Pierre Dubochet

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Protection contre le rayonnement non ionisant en clés USB, patch, pastilles, colliers, sphères, pyramides, à brancher sur une prise, selon physique quantique, etc...

On me demande régulièrement si des dispositifs peuvent transformer les rayonnements non ionisants «nocifs» en rayonnements «neutres», voire «positifs» pour la santé. Ma réponse est: non! Pour diminuer le risque sanitaire, quand il existe, il faut nécessairement diminuer la dose, c'est-à-dire l'intensité mesurable reçue dans le temps.

© Pierre Dubochet, ing. radio
toxicologie des RNI
conflit d'intérêts : aucun avec cet article
19 mai 2017
mis à jour le 18 décembre 2023
Aucun contrôle de l'efficacité d'un produit «antiondes» n'est fait pour vérifier les arguments du vendeur ou du fabricant
Lecture : 6 min 20 | 2000 mots
Les ondes ne font pas que l'on a envie qu'elles fassent pour qu'un produit théoriquement protecteur soit efficace. Les ondes ont leurs «lois» propres. Elles se déplacent en ligne droite, se réfléchissent, sont absorbées, sont diffractées, ont leurs oscillations et impulsions propres.
Les vides qu'elles laissent dans l'espace ne sauraient être parfaitement complétés par une ou plusieurs ondes tierces émises par un dispositif protecteur.
Quelle efficacité pourrait-on espérer sur la réduction du risque sanitaire provoqué par l'exposition à des rayonnements quand on lit une telle explication: «toutes les ondes d'information nuisibles sont neutralisées par le circuit électrique des pièces, mais les ondes techniques demeurent, de sorte que toute la technologie peut continuer à être utilisée sans restriction»?
Une explication incompréhensible doit éveiller la méfiance.
En physique, personne n'évoque «les ondes d'information nuisibles». D'ailleurs, cette suite de mots est tellement rare qu'au moment de rédiger cette partie du texte (24 janvier 2023), le moteur de classement de Google n'en trouve qu'une seule chaîne sur tout l'internet: sur le site du vendeur!
Il arrive même que le fabricant écrive noir sur blanc dans ses conditions générales de vente qu'il ne garantit pas ses produits.
Exemple ici: «Le client n'obtient pas de garanties au sens juridique du terme» (§ 7). En bas de page, il précise: «La technologie présentée ici ne concorde pas avec la conception et la doctrine de la science officielle». Et: «Les actions et les effets des produits ne sont pas reconnus scientifiquement».
On ne saurait être plus clair.
Posez-vous aussi la question de la façon dont vous pourriez prouver le défaut d'un produit qui n'a aucune action mesurable ni, du reste, aucune efficacité connue.
              Les produits «antiondes» proposés en pharmacie sont-ils efficaces?
              Les produits «antiondes» sont en vente libre en Suisse. Aucun contrôle de l'efficacité d'un produit n'est fait pour vérifier les arguments du vendeur ou du fabricant. Ce vide juridique permet à n'importe qui de faire commerce avec n'importe quoi.
              Que le produit soit vendu par internet, sur un stand de foire, en magasin ou en pharmacie n'est pas un gage d'action protectrice. L'endroit de la vente relève exclusivement de l'entente commerciale.
                          Les produits «antiondes» dont la marque est déposée sont-ils fiables?
                          Non. N'importe qui peut déposer une marque, qui est une démarche administrative servant à protéger commercialement le produit.
                                      Que valent les produits basés sur la physique quantique?
                                      Sur internet, le mot «quantique» est un grand fourre-tout dans lequel la plupart des lecteurs ne connaissent pas grand-chose. Et c’est bien naturel car il s’agit d’un domaine très complexe lié au comportement des atomes et des particules.
                                      L’un des plus grands théoriciens spécialistes de la physique quantique de la seconde moitié du 20e siècle, Richard Feynman, a écrit: «Je crois pouvoir affirmer que personne ne comprend vraiment la physique quantique».
                                      Elle offre donc un immense espace dans l’imaginaire de certains auteurs ayant des ambitions commerciales mais peu de compétences pour mettre au  point et commercialiser un système physique susceptible de trouver loyalement sa place dans le marché économique. En particulier dans le domaine de la protection contre l’électrosmog.
                                      La chose à retenir est que la physique quantique repose sur la théorie des quanta (sans «s» final). Elle indique entre autres que l’énergie n’est pas transférée en continu dans un rayonnement électromagnétique, mais par paquets (des quantums d’énergie, qu’Einstein a appelés photons).
                                      Dans cette théorie, la propriété d’un objet n’est pas caractérisée par une valeur unique, mais par un ensemble de valeurs dont chacune tient à une probabilité. Elle permet de décrire, à défaut de résoudre l’énigme de l’étrange comportement d’atomes et de particules au niveau subatomique, qui ne peut être prédit et échappe ainsi à l’opinion scientifique qui croit l’univers déterministe.
                                      On se sert des propriétés quantiques de certains éléments pour, par exemple, générer un nombre au caractère aléatoire, ce qui peut être indispensable à des protocoles de sécurité destinés à des applications de portefeuille numérique ou à un service bancaire.
                                      En quoi la théorie quantique apporterait-elle quelque chose d'exploitable dans le domaine de la santé lié à l’exposition au rayonnements environnemental? Les thérapeutes et autres vendeurs de solutions de «protection» qui prétendent le contraire sont incapables d’expliquer un tant soit peu de façon rationnelle ce qui se passerait dans leur dispositif. Et pour cause.
                                      On ne peut pas «émettre des ondes quantiques». Des scientifiques pensent que le rayonnement est généré de cette façon.
                                      On ne peut pas introduire une «donnée quantique» ou quelque chose de ce genre dans un objet en vue qu’il corrige le rayonnement ambiant, par exemple celui du téléphone mobile, du routeur Wi-Fi, d’une station de base de téléphonie mobile ou d’une ligne à haute tension en vue d’ôter ses effets potentiellement nocifs.
                                                  Peut-on transformer «les ondes électromagnétiques toxiques» en «ondes scalaires génératrices de santé»?
                                                  Une onde dans la gamme du rayonnement non ionisant propage des intensités de champ électrique et magnétique en ligne droite (c.f. aux équations intégrales de Maxwell-Lorentz) qui diminuent au fur et à mesure de l'éloignement de la source.
                                                  En physique, un scalaire est une grandeur déterminée par sa mesure dans un espace mathématique. Le mot scalaire est issu du latin scala désignant une échelle.
                                                  Dans le domaine des ondes, une «onde scalaire» n'existe que dans un milieu solide, un fluide par exemple. En dehors d'un milieu solide, un «scalaire» est un vecteur: un scalaire n'a ni vitesse, ni longueur, ni fréquence.
                                                  On ne sait pas comment une telle onde pourrait se propager, et évidemment on ne dispose d'aucune technique de mesure quantitative. La science considère la théorie des ondes scalaires comme erronée, puisqu'elle prétend à un déplacement longitudinal de l'onde, en contradiction avec le déplacement transversal démontré par les équations de Maxwell-Lorentz.
                                                  On peut conclure qu'une affirmation sur une prétendue transformation du rayonnement non ionisant en ondes scalaires bénéfiques est sans fondement aucun.
                                                  Au surplus, il n'existe aucun document qui démontrerait que les ondes scalaires dans la gamme du rayonnement non ionisant pourraient être utiles à un traitement sanitaire.
                                                  La locution «onde scalaire» est donc impropre dans le domaine des rayonnements non ionisants. Ni l'émission ni la réception d'ondes scalaires dans la gamme radio n'ont pu être observées, et toute théorie en ce sens est en totale contradiction avec les lois de la physique.
                                                              Peut-on transformer les ondes électromagnétiques à polarisation verticale («ondes nuisibles») en ondes à polarisation horizontale («ondes bénéfiques»)?
                                                              Une onde électromagnétique propage deux champs dans l'espace, un champ électrique (E) et un champ magnétique (B ou H). Dans leur direction de propagation respective, ces champs se déplacent perpendiculairement entre eux. Lorsque l'onde électrique est horizontale, l'onde magnétique est verticale, et vice-versa.
                                                              Dans le cas du champ électrique émis autour d'un câble, puisque le câble n'est pratiquement jamais tendu en ligne droite, la diffusion du champ électrique se fait dans deux directions au moins, et souvent dans les trois directions.
                                                              En haute fréquence, ces deux champs se propagent ensemble. Si on parle d'une antenne émettrice, la polarisation du champ électrique est liée à l'orientation de l'antenne. La polarisation peut être verticale, horizontale, à 45° ou mixte.
                                                              Les propriétés physiques des rayonnements dans l'environnement, qu'ils fassent partie de la gamme radio ou de la gamme des microondes, rendent impossible leur basculement à 90°. Du reste, nous allons voir que même si un basculement était possible, il n'aurait aucune utilité pratique question santé.
                                                              Lorsqu'une onde électromagnétique pénètre à l'intérieur de matériaux hétérogènes tels que les tissus organiques, le plan de polarisation du rayonnement réfléchi est constamment modifié par les innombrables diffractions et les réflexions internes sur les tissus.
                                                              Par ailleurs, l'affirmation que les ondes à polarisation verticale seraient nuisibles et que les ondes à polarisation horizontale seraient bénéfiques est indémontrable et sans fondement scientifique.
                                                              En basse fréquence, un champ électrique ou un champ magnétique peut exister indépendamment de l'autre champ à un endroit donné.
                                                              Selon le sens dans lequel vous tenez votre smartphone, l'onde électrique est émise verticalement, horizontalement ou à un angle intermédiaire.
                                                                          Jacques Bauer, «Executive» auprès de la société i-like Metaphysik GmbH, le plus haut niveau commercial atteignable, participe à «une escroquerie» selon des experts en cybersécurité à Londres
                                                                          Un système de protection primé dans un salon international d'invention est-il digne de confiance?
                                                                          Non. Le seul aspect important est que des experts indépendants constatent l'efficacité et la répétabilité de l'efficacité. Si une réelle invention a lieu, en ce sens que le monde scientifique reconnaît la pertinence de cette invention, alors elle va logiquement se répandre dans la communauté scientifique et gagner le monde entier. Elle sera ainsi mentionnée sur de nombreux sites internet par exemple.
                                                                                      Pourquoi ne peut-on pas annuler les ondes nocives avec d’autres ondes exactement en opposition de phase?
                                                                                      Du fait même de l'infinie complexité de leurs oscillations dans l'espace et dans le temps.
                                                                                      Vous connaissez peut-être les casques antibruits actifs. Ils analysent le bruit environnant au moyen de microphones et d’électronique et injectent dans le casque exactement la même forme d’onde, mais en opposition de phase.
                                                                                      Résultat: l’onde sonore du bruit qui parvient à l’intérieur du casque et l’onde sonore inversée issue de l’appareil s’annulent. Dans le conduit auditif, il n’y a (presque) plus de bruit.
                                                                                      Un tel système fonctionne à peu près parce que les ondes sonores sont très simples et couvrent une bande de fréquences très étroite. Il fonctionne à peu près parce qu’il couvre une toute petite zone: le conduit auditif de l’oreille. Il ne pourrait pas fonctionner à l'échelle d'une chambre, même de petites dimensions.
                                                                                      Dans une pièce d'appartement, même de dimensions réduites, le champ électrique et le champ magnétique des appareils sans fil varient à chaque endroit. Il est dès lors impossible physiquement d’opposer un signal hertzien à un autre au moyen d'un dispositif technique.
                                                                                      Le seul endroit pour émettre une seconde onde qui atténuerait la première serait… l’antenne. Mais alors, il n’y aurait plus de signal utile!
                                                                                                  La nocivité des ondes ne peut pas non plus être annulée par l'émission d'ondes de torsion contraires.
                                                                                                  Il existe une théorie qui prône l'existence de champs de torsions dynamiques (Elie Cartan 1910). Les champs de torsion —jamais identifiés— seraient de l'information sans transfert d'énergie.
                                                                                                  Cette théorie dit que le vivant émettrait des champs de torsions qui tourneraient à droite et que les appareils qui émettent des champs électromagnétiques émettraient en plus des champs de torsions qui tourneraient à gauche.
                                                                                                  Les champs de torsion des appareils seraient mauvais pour le vivant parce qu'ils contraindraient les champs de torsions qui tourneraient à droite à tourner à gauche, ou à ralentir. Bien.
                                                                                                  Qu'est-ce que la gauche, qu'est-ce que la droite quand nous parlons de milliards de milliards de cellules? Installez quatre personnes à angle droit autour d'une table. Une au nord, une à l'ouest, une au sud, une à l'est.
                                                                                                  Mettez un émetteur à distance, au nord. Une onde qui tourne dans un sens (par exemple dans le sens horaire) pour celui qui est assis au nord tournera dans le sens antihoraire pour la personne assise au sud.
                                                                                                  Imaginez maintenant que vous avez des cellules dans tous les sens possibles dans le corps. Dans l'hypothèse où ces cellules émettraient et recevraient des champs de torsions, ces champs n'auraient pas une seule direction, mais une multiplicité de directions.
                                                                                                  L'existence d'ondes de torsions reste une théorie jamais démontrée. Il n'y a apparemment que les marchands de produits présumés antiondes qui auraient compris comment elles sont émises, comment elles se déplacent, et comment elles pourraient être neutralisées par d'autres ondes de torsions de sens inverse.
                                                                                                  Aucune étude validée par des pairs et parue dans un journal ne prouve l'efficacité protectrice face aux ondes électromagnétiques de produits déclarés comme agissants sur les ondes de torsions. Aucun de mes clients intolérants aux ondes n'a déclaré se sentir mieux avec ce genre de produits.
                                                                                                  En science physique, les ondes électromagnétiques sont polarisées —c'est mesurable— dans différentes directions. De manière linéaire horizontale ou verticale, de manière circulaire ou de manière elliptique.
                                                                                                  Si un chercheur parvenait à démontrer l'existence des ondes de torsions, croyez-moi, il serait couronné d'un prix Nobel dans l'année. Il y a peu de chances qu'il reste concepteur de produits «antiondes» vendus en ligne...
                                                                                                              Et les autocollants à poser sur les appareils sans fil?
                                                                                                              Émis par l'antenne, le champ électrique et le champ magnétique vont se combiner pour créer le signal radio, qui est un champ électromagnétique. La combinaison s'effectue à une certaine distance de l'antenne seulement, au moment où l'onde a déployé la première sinusoïde du champ électrique et du champ magnétique.
                                                                                                              Pour nos appareils sans fil, cette distance est environ de 7 à 30 cm. À partir de cet endroit, l'onde électrique va servir de support à l'onde magnétique, qui va servir à son tour de support à l'onde électrique, et ainsi de suite. En champ proche, c'est-à-dire tout près de l’antenne —là où l’on colle la pastille présumée protectrice— le signal radio n’est pas constant et n’existe pas de la même façon qu'en champ lointain.
                                                                                                              On ne peut définitivement pas analyser et traiter un rayonnement près de l'antenne pour le rendre neutre biologiquement. Au mieux, ces systèmes sont sans effet. Au pire, ils dégradent l'efficacité de rayonnement de l'antenne, ce qui conduit l'appareil à augmenter la puissance émise pour compenser la baisse de performance.
                                                                                                              Aucune étude scientifique digne de ce nom ne valide les effets de ce genre de système de protection par patch, collier ou similaire.
                                                                                                                          Ces publications complèteront utilement votre savoir :
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